Caveirac est un village, situé à l'ouest de Nîmes, qui représente l'entrée en Vaunage.

Fin 1648, les Montolieu, alliés aux Langlade, seigneurs de Langlade et de Clarensac, vendirent le vieux château de Caveirac à Jacques Boisson, fils de Jean et de Jeanne de Blanc, tous deux de Nîmes, protestants et mariés le 23 mai 1615. Jacques était le légataire universel des biens de son père, riche marchand drapier de Nîmes. Jacques Boisson avait alors 30 ans. Il s'était marié deux ans plus tôt ( le 04 octobre 1646) avec Olympe de Fabrique dont la famille était également très riche et avait fourni plusieurs conseillers au présidial de Nîmes. Cette famille possédait, rue Régale à Nîmes, une très belle maison où était descendue la Reine Anne d'Autriche se rendant au mariage de son fils Louis XIV avec l'infante d'Espagne à Saint-Jean-de-Luz le 9 juin 1660. Jacques Boisson porte pour la première fois, le 08 juillet 1651, le titre d'écuyer. Jacques acquit de Jean-Louis Louet de Nogaret, marquis de Calvisson, plusieurs terres et acheta celles d1Arque et de Vaquerolle. Il sera désormais Jacques de Boisson, seigneur de Caveirac, de Luc, de Puech Méjean, d'Arque et de Vaquerolle. Jolie carte de visite en vérité. Il est très ambitieux, atteint de la folie des grandeurs. Alors, va commencer, à l'emplacement de l'ancien château, la construction d'une de ces charmantes et fastueuses résidences du grand siècle et de son parc. Les plans en seront confiés à Lenôtre, l'artiste jardinier de Versailles et de Vaux-le-Vicomte. Hélas, sa prodigalité provoque sa ruine et ses biens sont vendus sur décision de justice peu avant son décès, survenu le 31 décembre 1696. En effet, en 1690, Jacques de Boisson, vendit tous ses domaines, dont celui de Caveirac. Le nouvel acquéreur, Pierre de Sartre, poursuit le chantier laissé par son prédécesseur et fait aménager le parc qui s'étend à l'époque sur 35 ha et s'orne de statues et de pièces d'eau.

Ce nouveau château aura 118 pièces et 365 fenêtres. La partie du fond, le corps de logis, est limitée par quatre tours carrées couvertes de tuiles vernissées multicolores qui étincellent au soleil. Il y a là de belles pièces avec des murs couverts de fresques, de belles cheminées de marbre, des bustes, des tableaux, un mobilier luxueux. On accède au premier étage par un bel escalier bordé d'une magnifique rampe en fer forgé. Les communs, à droite et à gauche, sont séparés du corps de logis par deux petites murettes et ont, tous, une sortie permettant de libérer la cour entière.

Le parc de 35 hectares, dont on peut suivre encore aujourd'hui les murs de clôture, devait être magnifique avec ses grands arbres variés, ses pelouses, ses bosquets, ses statues, ses pièces d'eau, ses grands vases. Il y avait alors de l'eau dans le château et dans le parc. L'eau de la source de la Font d'Arque était conduite par une canalisation appelée aujourd'hui la canonnade dans un grand bassin de 50 m de long, 30 m de large et 2 m de profondeur et, de là, conduite par des tuyaux de plomb au parc et au château. Tout près, se trouvait le pigeonnier. On a relevé, pour les dépenses totales, la somme de 1.635.000 livres, ce qui représente environ 500.000.000 de nos francs actuels. Le ferronnier, Maurice Sollier a reçu 3.550 livres pour les ferrures qu'il a faites et posées. On ne peut aujourd'hui se faire une idée des grandes fêtes qui se sont déroulées dans ce château qu'on appelait parfois le Versailles languedocien. Il est vrai que Jacques de Boisson, comme nous l'avons vu précédemment,  ne marchandait pas sa bourse. Il disait à ceux qui lui reprochaient ses folles dépenses : "La Font d'Arque tarira avant ma bourse"; parole bien imprudente, La Font d'Arque coule encore et il y a bien longtemps qu'on ne parle plus ni de la bourse, ni de Jacques de Boisson lui même. Jacques de Boisson mourut en 1696, âgé de 78 ans, dans un état voisin de la misère. Son fils, Jean de Boisson, né en 1647, seigneur de l'Arque, était mort en 1670, âgé de 23 ans, après avoir fait campagne avec les troupes royales, contre "les émeutiers du Vivarais". Il fut en effet assassiné en juillet 1670 par Jean de Langlade, coseigneur de Clarensac. Il était marié à "Dame de Carlot", dont il avait un fils, Charles et deux filles, Olympe et Alix. Charles de Boisson, seigneur de Vaqueirolle, capitaine des dragons, fut tué en septembre 1703 dans un combat durant la guerre de la succession d'Espagne à l'age de 25 ans.

Pierre de Sartre, lui était le fils aîné de Jacques de Sartre, conseiller du roi, receveur des tailles dans le diocèse de Lavaur, et de Marguerite de Bosc. Il était également receveur des gabelles et finances en la généralité de Montpellier. Il épousa le 01 janvier 1688 Bernardine de Scorbiac. Ils eurent trois fils : Laurent Louis, Laurent sieur de Caveirac, Pierre sieur de Vaqueroles, et une fille Antoinette. Sept ans après avoir acheté les terres de Caveirac à Jacques de Boisson, Pierre de Sartre acheta à Claude d'Albenas une terre située à Caveirac. Il vendit, en 1713, la seigneurie de Caveirac à Léon Novy.                 

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Le château Vue arrière du château Statue dans le parc du château
Plaque sur cheminée Plafond salle des mariages Porte intérieur d'un petit cabinet
Détail de la porte Plafond du petit cabinet Plafond du petit cabinet (détail)
Plafond du petit cabinet (détail) Fresques sur le mur Fresques sur le mur (détail)
 
L'escalier d'honneur Escalier (détail)  

Le dernier de la branche de Caveirac, Léon Jules est emprisonné à Nîmes sous la terreur et ne doit son salut qu'à la chute de Robespierre. Délaissé et dégradé par un incendie qui ravage la partie est, l'édifice ne sera plus jamais habité par ses propriétaires, qui s'en défont en 1826. Le parc est démembré et l'édifice partagé. La commune y installe une parti de ses locaux. la cour d'honneur est devenue une place publique. L'édifice s'étend sur 3 niveaux. Curiosité, un toit couvert de tuiles vernissées de couleur que nous verrons ci-dessous. Nous trouvons à l'intérieur de magnifiques cheminées de marbre, des plafonds à la française et des dallages magnifiques. Le petit cabinet de l'aile sud-ouest a conservé son plafond à solives peintes de médaillons, de rinceaux et de paysages (voir ci-dessus). Ses murs sont revêtus d'arcades en trompe l'oeil. La porte d'entrée, peinte, est de toute beauté. L'escalier d'honneur, conduit à l'étage noble. Logé dans une cage carrée, il est bordé d'une très belle rampe en fer forgé à motifs de volutes affrontés.

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Toit en tuiles vernissées.